- Publié le
Retour sur ma première journée du MiXiT 2025
Cette année 2025 je suis allé pour la deuxième fois de ma vie* au MiXiT !!! Comme vous avez fortement aimé mon article sur ma journée au LyonJS 100, je vous propose de suivre deux journées de conférence à Lyon, au milieu des crêpes à CPE Lyon. C’est parti !
*(dit comme ça on dirait que c’était un festival comme le Hellfest)
Le MiXiT est une conférence unique
La première conférence tech à laquelle je suis allé dans ma vie, c’était le MiXiT il y a 3 ans. Grâce à mon ancienne entreprise, Conserto, et surtout grâce à mon intercontrat, j’ai pu me rendre à cette conférence pour les deux journées, sans trop avoir d’a priori sur ce que j’allais voir.
Je pensais que j’allais apprendre quelques trucs de Java, mais que nenni, à cette édition j’ai pu voir des talks qui ont réellement changé ma vision du monde, ma perception de mon métier, ma place dans la tech.
Cette année, j’ai vraiment voulu venir au MiXiT pour revivre cette expérience, pour faire un coucou à la communauté tech que je commence à connaître de plus en plus, et aussi espérer apprendre un peu à gauche et à droite sur du tech, du social, de l’IA et de l’alien.
C’est également une conférence qui est très centrée sur l’humain, avec la mise en place d’absolument tout pour se sentir bien : code de conduite, support VSS bien expliqué, sales de repos et d’allaitement, aide pour la mobilité réduite. C’est vraiment très bien expliqué et fait.
Passons aux talks maintenant !
Le premier jour
Après avoir passé le badge, pris par erreur un tour de cou blanc, récupéré un café, et dit bonjour à toutes celles et ceux que je pouvais reconnaître, je me suis confortablement installé dans l’amphi principal pour la keynote.
Une excellente keynote sur la robustesse
Le MiXiT a un super pouvoir, c’est celui de la conférence qui dose les sujets techniques avec les sujets sociaux. C’est un peu comme regarder Black Mirror, mais sans la dépression (mais toujours la crise existentielle).
Olivier Hamant est biologiste et chercheur qui nous fait une excellente présentation sur l’opposition entre robustesse et performance, et la nécessité pour la société de passer d’une culture de la performance à une culture de la robustesse.
Pourquoi cela ? Car c’est ainsi que l’évolution nous a conçu. De tout le vivant, il n’y a que les humains qui ont une culture de la performance. Si on prend l’intégralité du vivant, tout est conçu pour être robuste.
Par exemple, plutôt que d’avoir un seul rein hyper performant, nous en avons deux qui sont excellents. Plutôt qu’avoir une température corporelle à 40°C, notre corps reste à 37°C et monte à 40°C seulement quand le système a besoin d’être très performant (pour ne pas mourir).
J’ai trouvé le talk très intéressant et il m’a rappelé beaucoup de veille que j’ai fait pendant un temps sur le système immunitaire et l’évolution.
Suite à ce talk, je pense avoir fait mon chemin et me dire que je n’achèterai plus d’appareil qui se veut uniquement performant, et qui n’essaye pas d’intégrer de la robustesse dans son design. Byebye Apple !
Et si on parlait de “Malware craftsmanship” ?
Je suis venu à ce talk, donné par Nailya Bogrova et Sonia Seddiki en ne sachant vraiment pas à quoi m’attendre. Quand on me dit “craftsmanship” et “malware” dans une même phrase, je me demande : est-ce un talk sur comment créer un virus, ou sur comment s’en défendre ? Je suis sûr que j’ai lu la description avant de venir mais je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre.
Et heureusement, j’ai été très positivement surpris ! Ce talk a bizarrement mis un peu de temps avant de rentrer dans ma tête. Nailya et Sonia (qui se sont rencontrées 1 autour d’une glace au chocolat) présentent le fait que les virus sont de plus en plus sophistiqués, de plus en plus ciblés et récents. Et elles nous proposent de trouver des techniques pour les analyser ! Ce qui est vraiment cool. Je ne vais pas tout décrire, regardez les rediffusions.
Elles nous rappellent également qu’écrire, posséder et distribuer des virus est illégal (sauf si vous faites de la recherche ou de la cybersécurité).
Je ne sais pas trop si mon employeur va apprécier l’idée, mais ce talk me fait dire que je pourrais commencer à analyser les virus que moi, ma famille, ou mes collègues reçoivent. Cela me fait même me demander si les futures formation cybersécurité ne devraient pas intégrer une forme de résistance active face aux virus, par exemple en cherchant à analyser les virus que l’on voit… J’ai plein d’idées et d’applications concrètes… Génial ! Bravo !
Création de pépinière de tests - un mélange de reconversion et d’handicap
Une très jolie expérience humaine qui me donne beaucoup d’espoir pour l’univers de la tech, notamment pour les personnes en situation de handicap.
Les deux speakeuses 1 Aurelia et Solène nous présentent leur initiative de création d’une pépinère chez Apside. Elles présentent le cadre, comment cela s’est fait, et surtout tout ce qu’il a fallu faire, réfléchir, mettre en place, surveiller, pour que la reconversion des personnes se passent bien pour tout le monde : stagiaires, entreprises, clients.
Le projet a l’air d’être une réussite. Quelque chose de précis m’a frappé, et je crois qu’elles le disent à demi mot ou je ne l’ai pas bien compris, c’est sur le sujet des adaptations de parcours pour les étudiants.
Pour réussir une reconversion de personnes handicapées, il faut adapter la formation pour qu’elle puisse être supportée et donnée à la personne. Cela peut passer par plein de choses, mais principalement de la confiance qu’il faut établir par le dialogue et le respect.
Mais j’ai eu un déclic. Pourquoi les formations ne font pas cet effort en général d’adaptation des parcours ?
J’aimerais, si jamais je devais suivre des formations, que l’on me propose explicitement si j’ai besoin d’une adaptation. Cela rend les choses plus faciles pour moi, et ça augmente les chances de réussir l’objectif que vous vous êtes donnés. Pour les établissements scolaires, je pense que proposer des formes d’adaptations pour toutes et tous auraient deux effets super positifs : les élèves seront meilleurs, et pour l’établissement, cela vous entraînera à avoir une culture de l’adaptation, de la diversité, de l’inclusion. C’est un winwin non ?
En bref, c’est vraiment un talk génial, une initiative très bien construite. J’ai beaucoup appris et j’aimerais avoir l’occasion de pouvoir participer à ce genre d’initiatives des choses de ce genre plus tard. En attendant, allez voir le replay quand il sortira !
Après ce talk, il y a eu une pause déjeuner avec un repas spécial vegan pour moi qui était… vraiment pas bon… Ça m’apprendra à tenter de respecter les animaux et leurs droits fondamentaux et accidentellement réduire mon emprunte carbone au delà de tout ce que les gens qui mangent de la viande ne pourront jamais atteindre…
Nos manières de compter, péril économique, écologique et démocratique
Cette keynote a été donnée par Valérie Charolles, qui est économiste et philosophe. Son talk donnait initialement la sensation d’enfoncer des portes ouvertes : le langage des chiffres n’est pas le langage des faits.
Pour reprendre un de ses exemples, si je vous dit “la France a 8% de chômage chez les jeunes”, qu’est-ce que cela veut dire réellement ? Peut-on faire des politiques sur la base unique de ces “8%” ? La réponse paraît bien évidemment que non.
La force de cette keynote, assez difficile à suivre en passant pour moi2, c’est de démontrer presque par A + B à quel point l’utilisation de chiffres ne permet pas la démocratie et la prise de décision. Je la vois comme une démonstration qui m’a définitivement mis les mots sur ce qui ne va pas dans notre monde. J’aurais aimé voir des alternatives, voire une prise de position de comment faire à la place, mais je pense que c’est une question à se poser démocratiquement.
Cela me fait un peu penser au talk Au secours, mon manager me demande des KPI (que je n’ai jamais regardé jusqu’au bout, coucou Geoffrey !). Est-il possible d’analyser la performance d’une équipe autrement que par des chiffres ?
Mob programming
Pour l’après-midi, je suis allé à un atelier sur le mob programming. Je suis venu car j’ai toujours voulu me former au mob programming, mais je n’ai jamais eu de disponibilité concomitante avec les katas de MobProgFR.
L’atelier est bien et je ne vais pas vous spoiler, on était très nombreuses et nombreux ! Merci beaucoup à Manon Carbonnel et Marjorie Aubert pour ce talk. J’ai beaucoup apprécié les retours d’expérience, notamment de Marjorie car elle a un parcours qui n’est pas à l’origine développeuse, mais, grâce au mob, a pu se reconvertir et aussi contribuer directement au code de la team.
Je n’ai pas osé le dire sur place, mais ce talk m’a fait découvrir qu’il a toujours manqué un élément clef dans toutes mes tentatives de faire du mob programming : il faut un driver (qui a le clavier), des gens, et parmi ces gens il faut un ou une navigatrice !!! C’était ce rôle qui manquait. Je comprends mieux pourquoi ça se passait pas de ouf bien…
J’ai beaucoup de questionnements sur les manières de faire de l’intelligence collective. À méditer…
Après cet atelier, je me suis donné une autre pause pour tenter de looter quelques mixettes à donner à des associations et échanger avec les divers stands.
La keynote de la fin de la première journée
Design : sabotage, hacking et politique, par Geoffrey Dorne. J’ai bizarrement eu du mal au début ! Peut-être la slide 3 avec toutes les images de la fin du monde qui faisait un peu mal à la tête et déclenchait un peu une sensation imminente de fin du monde…
Objectivement, ce talk est vraiment bien, et j’adore ce que fait le speaker1. Il présente plusieurs actions qu’il mène, depuis un moment, dans l’univers de la désobéissance civile, de la résistance face aux répression et le techno-autoritarisme.
Ce talk est une excellente continuité de beaucoup de précédentes présentations que j’avais vu, et même si j’ai eu un petit peu du mal initialement, principalement car je me méfie quand j’ai la sensation qu’on me glamourise un style de vie, j’ai beaucoup apprécié pouvoir voir une autre façon de résister activement contre la société qui devient autoritaire et facho…
Si le monde entier se comportait un tout petit peu plus comme lui, je pense que le monde irait infiniment mieux.
Conclusion ? Non, une partie 2 !
Il y a trop de choses à dire donc je préfère faire une partie 2, merci pour votre compréhension, et passez un excellente weekend pour celleux qui me lisent tout de suite, et lisez la suite pour les autres ✨
Footnotes
-
Si jamais je me trompe sur votre genre, n’hésitez pas à le signaler. Normalement, je m’inspire de ce que vous avez écrit dans vos bios du MiXiT, mais si vous souhaitez correction n’hésitez pas à me pinguer par email à hello@nirinarabeson.fr ↩ ↩2 ↩3
-
Les conférences vraiment pas du tout tech sont difficiles à suivre pour un public tech. Entre la différence de langage, de culture, et de format, c’est plus difficile de s’accrocher. Je pense aussi que l’univers de la tech est très influencé par la culture américaine de la présentation, avec sa tendance à l’humour et la comédie. Ce n’est pas quelque chose de présent dans les cercles beaucoup plus littéraires et philosophiques. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose, mais ça déroute ! ↩